Le moment est attendu. Samedi, le pape François remontera la mythique avenue du Prado dans sa papamobile pour rejoindre le Vélodrome afin d’y présider la grand-messe. Ce trajet d’à peine deux kilomètres sera parcouru à un rythme particulièrement lent. Il faudra entre 15 et 30 minutes au Saint-Père pour rejoindre l’antre de l’Olympique de Marseille. Il faut dire que 100 000 Marseillais, Français venus d’ailleurs ou étrangers, seront disséminés sur le chemin qui mène au stade de football. Chacun tentera de rivaliser d’audace pour attirer l’attention du pape.

Depuis sa papamobile, le pape prendra ce bain de foule debout dans cette célèbre voiture blanche décapotable au siège surélevé. « Non seulement le pape vient au stade Orange Vélodrome, mais en plus il va circuler dans Marseille. C’est donc bel et bien tous les Marseillais qui sont invités à vivre dans la joie ce moment historique », s’est félicité Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille.

Déambuler et bénir sous protection

Contrairement à ce que l’on croit, la papamobile, littéralement « automobile du pape », n’est pas une invention récente. Initialement, la papamobile tire ses origines de la sedia gestatoria (« chaise à porteurs »), qui était un trône mobile permettant au pape d’être vu plus facilement des fidèles lors des cérémonies. Ensuite, la voiture à cheval sera utilisée pendant des siècles, jusqu’à son abandon définitif par Pie XI en 1922. Entre-temps, Pie X s’est vu offrir une voiture motorisée en 1909, dont les modèles ont beaucoup évolué en un siècle. Pour les curieux, le « Pavillon des carosses » regroupe 14 calèches et neuf anciens véhicules de papes dans une vaste pièce des Musées du Vatican.

La papamobile s’est considérablement métamorphosée, notamment au point de vue sécuritaire. Les premières versions du véhicule étaient découvertes, dépourvues de protection. Une date restée gravée dans les mémoires va changer la donne. En 1981, Jean-Paul II, menacé constamment dans ses déplacements, est victime d’une tentative d’assassinat par Ali Agça, alors qu’il déambule dans sa Fiat Campagnola place Saint-Pierre, à Rome. Un blindage recouvrant les vitres et la carrosserie est alors ajouté à la voiture blanche, à l’épreuve des balles et des grenades dernière génération. Qui plus est, une poignée de gardes du corps situés sur les ailes et la plage arrière du véhicule, accompagne en permanence le souverain pontife dans ses déambulations.

Une proximité avec la foule

Mais les papes ne sont pas particulièrement attachés à cette surprotection, les empêchant parfois d’être au contact de la foule. « Je ne peux pas aller à la rencontre des gens et leur dire que je les aime alors que je suis enfermé dans une boîte à sardines », plaisantait récemment le pape François. Ce dernier préfère souvent le modèle plus adapté au bain de foule, et moins rutilant, délaissant les Mercedes, historiquement fournies au Vatican, au profit de Peugeot ou de Fiat, plus modestes.

Aujourd’hui, si les modèles peuvent être amenés à changer selon la destination du pape, une particularité résiste au temps. Sur toutes les plaques d’immatriculation, on peut lire « SCV 1 », correspondant à « Stato della Città del Vaticano » (Etat de la cité du Vatican). Ainsi, depuis 1930, on peut apercevoir sur la papamobile un sceau de plomb frappé des Armoiries du Vatican.

Samedi, le mistral marseillais ne devrait pas arranger les affaires de la papamobile décapotable… Qu’importe, la foule a pris ses billets et attendra de pied ferme le véhicule blanc et son passager, dans un grand moment de liesse populaire.