Voici un tout nouvel éditorial qui va étendre notre revue de presse sur « l’automobile ».
Le titre séduisant (le massacre oublié de Maillé, village martyr) parle de lui-même.
Sachez que le journaliste (présenté sous le nom d’anonymat
) est connu et fiable pour plusieurs autres articles qu’il a publiés sur internet.
Vous pouvez en conséquence donner du crédit à cette parution.
La date de publication est 2023-08-25 00:00:00.
Après Oradour-sur-Glane, le massacre de ce village au sud de la Touraine est le plus important perpétré par des nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Le 25 août 1944, les Allemands y ont tué 124 personnes.
Par Guilherme Ringuenet
Publié le
« J‘ai entendu des cris. Puis, un coup de fusil. La balle a ricoché sur la cheminée. J’en suis restée sourde un certain temps, mais j’ai pu comprendre que maman me disait : “Rentre vite à la maison.” Nous sommes partis nous réfugier de l’autre côté, dans un champ. Ce qui nous a sauvés, c’est que papa a eu l’idée de repousser les volets en s’enfuyant. Les Allemands ne nous ont pas vus nous cacher derrière un tas de bois. Nous sommes restés allongés sur le sol, au milieu des orties. » Eugénie Bernard avait 18 ans lorsqu’elle a vu et survécu au massacre perpétré par les nazis.
C’était le 25 août 1944. La 2e division blindée du général Leclerc faisait une entrée triomphante dans les rues de Paris. La capitale était enfin libérée du joug allemand. L’Histoire a retenu cette date comme un moment clé. Elle a longtemps oublié que le même jour, 300 kilomètres plus au sud, en Touraine, l’existence tranquille des habitants de Maillé a été bouleversée par la sauvagerie nazie.
À LIRE AUSSIOradour-sur-Glane : « Pour les nouvelles générations, la paix est quelque chose de normal » « Nous étions occupés au travail de la ferme lorsque les soldats allemands sont arrivés », se souvient Eugénie, la doyenne des survivants. Les militaires ont pris place autour du village. Des témoins ont certifié qu’ils étaient environ 80. En quelques heures, les soldats du Reich ont tué, détruit, et brûlé les maisons. Méthodiquement. C’est en fin de journée que les survivants sortant craintivement une tête en dehors de leurs cachettes ont découvert l’étendue du carnage : 124 morts parmi lesquels figurent 26 enfants de moins de 5 ans et 2 nouveau-nés. Maillé était en cendres, les cadavres jonchaient le sol. Et puis, plus rien. Les maisons fumaient encore, les morts étaient à peine enterrés que la reconstruction commençait. Dans le silence, les larmes ont été ravalées pendant plusieurs décennies.
Un déferlement de colère planifié
Qu’est-ce qui a pu provoquer un tel déchaînement de violence ? Sur place, une revendication a été retrouvée cloutée à une porte : « C’est la punition des terroristes et de leurs assistants. » La veille, un accrochage entre des maquisards et des soldats avait fait un mort et un blessé du côté des Allemands. « C’est une période où le maquis est actif, expose Romain Taillefait, directeur de la Maison du souvenir à Maillé, qui a ouvert en février 2006. L’attaque de la veille n’est pas la première et ne suffit pas à expliquer ce déferlement meurtrier qui, comme le mot le signale, n’est pas pensé dans la colère mais planifié très calmement. » Selon le directeur, l’accrochage de la veille « est un prétexte pour rétablir plus largement une autorité mise à mal depuis le Débarquement ».
À LIRE AUSSICorrèze : après les révélations d’un résistant, une commune tenue en haleineEn France, les crimes de guerre ne sont pas imprescriptibles, contrairement à l’Allemagne. C’est donc outre-Rhin qu’une enquête a été enfin ouverte en 2005 par le procureur général du parquet de Dortmund, Ulrich Mass. « Son attention se porte sur le 17e bataillon SS, basé à Châtellerault », raconte Romain Taillefait. La « Götz von Berlichingen » est une division d’infanterie créée en France en 1943, « composée notamment de jeunes hommes fanatiques, tout à fait capables d’exécuter un tel massacre », souligne le directeur. Urilch Mass en a aussi la conviction. Seulement, faute d’éléments, il est obligé de classer l’affaire en 2016. Cinq ans plus tard, un document refait surface. « Il s’agit de l’interrogatoire d’un membre du 17e bataillon SS réalisé par des soldats américains juste après la fin du conflit, note Romain Taillefait. Il explique avoir participé à un massacre au sud de la Touraine. »
La France a commis une faute morale.Nicolas Sarkozy
À Oradour-sur-Glane, ce village martyr de Haute-Vienne aux 642 victimes, l’État français a décidé de laisser le centre du village à l’état de ruines, comme « symbole de la barbarie nazie ». Rien de tel en Touraine. Il a fallu attendre 2008 pour qu’enfin un président de la République, Nicolas Sarkozy, se rende dans la commune d’Indre-et-Loire. Le chef de l’État a reconnu alors qu’en « ignorant si longtemps le drame de Maillé, en restant indifférente à la douleur des survivants, en laissant s’effacer de sa mémoire le souvenir des victimes, la France a commis une faute morale. » Au milieu de la foule, Eugénie et Charlette, sa sœur qui a aussi survécu, ont écouté et entendu.
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