Voilà un papier que je suis heureux de présenter ici sur notre site. La thématique est « l’automobile ».
Le titre (Dans la tech, le casse-tête des salariés qui ne veulent plus venir au bureau) récapitule tout l’éditorial.
Identifié sous la signature «d’anonymat
», le rédacteur est reconnu comme quelqu’un de sérieux.
L’éditorial a été édité à une date mentionnée 2022-08-10 10:49:00.
Le mauvais exemple vient souvent d’en haut. Début août, Nick Clegg, directeur des affaires internationales chez Meta (ex-Facebook) a annoncé qu’il déménageait à Londres. Rien d’étonnant en soi pour un citoyen britannique qui fut Premier ministre adjoint de David Cameron de 2010 à 2015 et qui doit aussi se rapprocher des régulateurs européens.
Mais la décision de ce membre du premier cercle de Mark Zuckerberg n’est pas de nature à adresser un problème urgent : Meta a les plus grandes difficultés à faire revenir ses équipes au bercail. Situé à Menlo Park en lisière des marais de la baie de San Francisco, le QG de Meta est une sorte de hangar d’un demi-kilomètre dont le côté grungy a été savamment conçu par l’architecte Frank Gehry. Nul ne sait vraiment combien d’employés de Meta sont rétifs au retour. Mais les effets commencent à se faire sentir.
Evidemment, les politiques officielles entendent perpétuer la cool attitude. Chez Meta, une encyclique du 28 mars dernier précise que les employés peuvent choisir de travailler où bon leur semble. Idem ailleurs dans la Big Tech. Personne ne peut être moins-disant dans un contexte de raréfaction des talents et de « Grande Démission ».
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La réalité est plus brutale. Les salariés de Meta s’attendent à ce que les revues de performances trimestrielles soient plus tendues après la phrase sibylline de Mark Zuckerberg estimant que, « de façon réaliste, il y a pas mal de gens qui n’ont rien à faire ici… » Dans un style plus diplomatique, le PDG de Google, Sundar Pichai, a exhorté ses employés « à faire preuve de davantage d’esprit d’entreprise, de sens de l’urgence et des priorités », ajoutant qu’ils devaient « avoir plus faim » aujourd’hui que dans les jours fastes.
« Au moins 40 heures par semaine au bureau »
Que se passe-t-il pour justifier une coercition sociale aussi violente ? Les entreprises de tech commencent à mesurer la perte de productivité de leurs équipes : chiffre d’affaires et marges brutes par salarié sont en recul un peu partout. Les dirigeants rappellent donc que l’assiduité au travail est indissociable de la performance des entreprises. C’est du reste ce que traduit la posture de Tesla et SpaceX, où le langage est plus direct. Dans un mail du 1er juin, Elon Musk a lancé l’offensive contre le WFH (Work from home ou télétravail). Il n’a rien contre évidemment, mais « à condition que tout le monde passe au moins 40 heures par semaine au bureau (…) Ceux qui refusent devront quitter Tesla ».
Chez Tesla et SpaceX, la question de l’exemplarité managériale ne se discute même pas : « Plus élevée est votre fonction, plus votre présence est visible. C’est pour cela que je passe tellement de temps dans les usines, ceux qui sont à la tâche me voient à leurs côtés. Si je n’avais pas fait cela, SpaceX aurait depuis longtemps fait faillite. » Problème : ce sont les managers qui sont souvent le plus réticents à revenir. Et pour cause, ce sont eux qui ont les meilleures conditions de travail à la maison. Chez Meta, outre Nick Clegg, Adam Mosseri, le patron d’Instagram est connu pour travailler fréquemment de Hawaï, Los Angeles, ou même de Cape Cod sur la côte Est.
Les chiffres compilés par la société Kastle, spécialisée dans les dispositifs d’accès aux sièges des entreprises, sont sans ambiguïté : le taux d’occupation des bureaux aux Etats-Unis, toutes professions confondues, est passé de presque 100% en mars 2020 à 44% aujourd’hui et il est plutôt à la baisse. Cela, précise Kastle, alors que le public est revenu à 95% dans les stades pour les rencontres sportives, à 90% dans les restaurants et que les services de sécurité des aéroports fonctionnent à 88% de leur niveau d’antan. Et, note encore la firme, plus un cadre occupe un poste élevé ou plus il est diplômé, et plus il va préférer travailler à la maison. Ce qui donne des taux d’occupation des bureaux de 37% dans une ville comme San Francisco.
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Chez Salesforce ou Oracle, qui emploient beaucoup de commerciaux et ont une machine bien huilée, les performances n’ont pas souffert. Mais pour les entreprises qui se battent sur le terrain de l’innovation, au contraire, la créativité, l’intellectuel collectif, la collaboration, les échanges informels, le fait d’entretenir la sérendipité sont des facteurs essentiels à la compétitivité. En dépit de ses avantages incontestables pour la qualité de vie et l’environnement, le télétravail a détruit cela et les entreprises sont bien en peine d’inverser la tendance.
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